Angle mort

8 avril 2022

banlieue
J.-M. Leclercq / Adobestock

A quelques exceptions près, les programmes des candidats à la présidentielle n’ont laissé que peu de place, voire aucune, à la politique de la ville. A l’image du quinquennat qui s’achève, le sort des banlieues demeure un angle mort.

Accusées de séparatisme islamiste ou stigmatisées pour une délinquance enkystée, les banlieues auront été, malgré elles, au cœur de la campagne présidentielle. Et pourtant, leurs 6 millions d’habitants seront restés désespérément invisibles dans les débats d’une campagne qui ne s’est jamais véritablement penchée sur les marges de nos villes.

A quelques exceptions près, les programmes des candidats n’ont laissé que peu de place, voire aucune, à la politique de la ville. A l’image du quinquennat qui s’achève, le sort des banlieues demeure un angle mort.

Geste politique

Sur le terrain, les maires ont traversé de nombreuses turbulences au cours des cinq dernières années. Les arbitrages du début de mandat – coup de hache dans les budgets, suppression annoncée des contrats aidés, enterrement du rapport « Borloo »  – ont suscité un malaise durable.

Jusqu’à ce que le gouvernement, sous pression d’une mobilisation tous azimuts des maires de banlieue en pleine crise sanitaire, débloque, en janvier 2021, une enveloppe exceptionnelle de 3,3 milliards d’euros, dont 1 milliard au titre du plan de relance. Un geste politique apprécié et même salué par les plus endurcis. « Je n’attendais pas le grand soir, mais le petit matin, c’est le petit matin », se réjouit alors Philippe Rio, maire communiste de Grigny, dans l’Essonne.

Droit commun

Dans ce contexte, le futur exécutif ne commettrait pas pire erreur que de faire l’autruche et d’ignorer l’urgence sociale qui frappe les quartiers populaires. Face au décrochage scolaire, aux inégalités sanitaires, à la pauvreté endémique, les moyens continuent de manquer. « En banlieue, les crédits exceptionnels des politiques de la ville ont juste remplacé le droit commun », déplore, encore aujourd’hui, le maire (DVD) de Courcouronnes et patron des maires d’Ile-de-France, Stéphane Beaudet.

A droite comme à gauche, le diagnostic est partagé, les mesures sur la table. Il y a urgence à restaurer la justice sociale, nous disent les acteurs de terrain. Et, ni plus ni moins, à traiter les habitants des quartiers comme les autres.

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