Les Elus solidaires réunis autour des nouveaux enjeux de l’action sociale

Force est de constater qu’aujourd’hui, l’engagement associatif ne fait plus recette. Dans une société marquée par l’individualisme, le manque de communication et de liens entre les individus est prégnant, bien que chacun soit connecté comme jamais. Ainsi, il n’est pas rare que les élus soient confrontés à des situations d’isolement de leurs administrés. L’absence de solidarité, additionnée au désengagement financier progressif de l’Etat, contraint les élus locaux à agir autrement. C’est dans ce cadre qu’Atanase Périfan, Conseiller de Paris et fondateur des Elus solidaires, a réuni les élus locaux à la Mairie du 17ème arrondissement pour travailler ensemble sur les nouvelles formes d’action. Si le Maire est bâtisseur de logement, le Conseiller de Paris a rappelé qu’il est également bâtisseur de liens sociaux et redonne du sens à l’action publique.

L’approche de ce colloque a été abordée sociologiquement par Serge Guérin et par Thierry Calvat, intervenant spécialisé sur le vieillissement. Le sociologue a mis en exergue le fait qu’aujourd’hui 45% des Français ont déjà aidé un voisin âgé et que 92% des plus de 65 ans impliqués aident leurs voisins. Ainsi, le voisinage représenterait un nouveau gisement de solidarité de proximité que les élus doivent prendre en compte dans l’élaboration de leurs politiques publiques. Ce nouvel acteur appelle à repenser le rôle de l’élu au sein de la mobilisation solidaire, en lui donnant davantage un rôle de médiateur, de relais entre les acteurs. Cette mission se comprend face à des phénomènes d’uberisation ou de monétisation des services de proximité comme les sites d’autopartage, suite auxquels les individus refusent les normes et les obligations imputées par des institutions.

Cette capacité de mobilisatrice de la société civile s’est démontrée lors des inondations qui ont touché l’Ile-de-France. Les élus d’Orsay et de Breuillet ont témoigné de cette réactivité des citoyens et de l’accompagnement mis en place par la Mairie. Le Maire de Breuillet a rappelé la mise en place d’une cellule de crise pour faire face aux inondations et a mis en exergue l’importance d’accorder un réel rôle social aux élus de quartier, qui connaissent mieux les habitants et qui sont au plus proche d’eux au quotidien. Aujourd’hui, les Maires doivent compter sur les initiatives des populations pour développer des projets et encourager la reconstitution du lien solidaire.

Marie-Anne Montchamp, ancienne Ministre en charge des Solidarités et de la Cohésion sociale et Marraine d’Elus solidaires, a conclu ce colloque en soulignant les limites du champ de l’action de l’Etat dans le domaine de la solidarité. Selon elle, l’Etat ne doit pas venir casser les dynamiques de la solidarité mise en place dans les communes; sachant qu’actuellement, la dette sociale atteindra, en 2018, la somme de 130 milliards d’euros si les politiques n’agissent pas. Le système de protection sociale s’essouffle, les élus doivent le rénover et éviter la peur du déclassement. Le choix de la solidarité n’est plus un choix, c’est une obligation. Pour autant, comme le rappelait Daniel Level, Maire de Fourqueux, il ne faut pas laisser les communes payer ce que l’Etat ne finance plus. A chacun de prendre ses responsabilités en gardant en tête l’intérêt général.