Transition écologique et sociale : vers un consensus entre les différents acteurs publics ?

04 juillet 2022

Le 26e Salon de l’Association des maires d’Île-de-France (Amif), a réuni les élus franciliens sur le thème des « collectivités au cœur transitions ».
Transition écologique et sociale : vers un consensus entre les différents acteurs publics ?
© DR – Patrick Ollier (MGP), Christophe Béchu, alors ministre des Collectivités, Stéphane Beaudet, président de l’Amif. Valérie Pécresse, présidente de la Région, et Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris.

Elus locaux franciliens et nationaux, institutions publiques et privées, entreprises… Tous se sont retrouvés durant deux jours au Salon de l’Association des maires d’Île-de-France, qui se veut, avec ses quelque 200 exposants, l’événement de référence permettant à ces acteurs de se rencontrer et d’échanger.

Qu’il s’agisse de la transition écologique, numérique, sociale, ou encore éducative, l’Amif, qui se présente comme l’interlocuteur privilégié des Pouvoirs publics sur le plan régional, souhaite « plus que jamais » être présente aux côtés des élus sur ces politiques publiques, alors que les attentes des citoyens sont puissantes en la matière.

La table ronde inaugurale de ce 26e salon a justement eu pour objectif de montrer en quoi les collectivités étaient centrales en la matière. « Il y a finalement deux grands enjeux pour les collectivités et l’Etat. A court terme, la question sociale. Et à moyen terme, la question écologique. Et les deux ne doivent pas se télescoper », a indiqué Valérie Pécresse, précisant que l’Île-de-France, bien que riche en termes de PIB, abritait les quartiers les plus pauvres de France. Face à ces inégalités, la Région a souhaité faire de la réduction des fractures sociales et environnementales une priorité.

Pour ce faire, Valérie Pécresse a lancé « un grand exercice régional », la révision de son Schéma directeur environnemental (Sdrif-E). « Qu’est-ce que nous allons pouvoir construire dans la Région ? Où va-t-on implanter les activités ? Où va-t-on mettre des espaces verts ? Où va-t-on avec les logements ? Comment va-t-on redessiner l’Île-de-France à l’horizon 2040 ? Voici à quoi répondra le Sdrif-E. L’objectif est de mettre la question de la renaturation ; de l’harmonie entre l’homme, la ville et la nature au cœur de ce schéma », a expliqué la présidente de la Région.

Il faut dire que la pandémie a profondément modifié les aspirations des Franciliens, qui retrouvent notamment le goût pour la nature. « On voit une arrivée de familles colossale en grande couronne donc il faut pouvoir répondre à ces nouveaux besoins. Ces personnes quittent Paris, désirent des appartements plus grands, télétravailler davantage… Bref, elles souhaitent une autre vie. Donc c’est un enjeu majeur, il faut amener tous les services de la grande ville au plus près des habitants », a ajouté la présidente de Région. « Il y a une transhumance des populations à laquelle nous devons répondre. C’est une chance formidable pour l’Île-de-France en termes de nouvelle qualité de vie ».

Une Région polycentrique

Mais pour Valérie Pécresse, cet aménagement de la Région ne peut être que polycentrique. « Nous ne voulons pas tout concentrer au cœur de l’agglomération parisienne ou de la Métropole. Nous voulons vraiment que dans chaque territoire de l’Ile-de-France, les Franciliens puissent trouver tout ce dont ils ont besoin, qu’il s’agisse du logement, de l’emploi, de la formation, ou d’espaces verts. Il faut arrêter avec la spécialisation des espaces. C’est réellement le cœur du sujet, nous voulons une Région équilibrée et solidaire », a-t-elle indiqué, précisant vouloir travailler spécifiquement avec les maires sur ces sujets, pour faciliter les choses.

« Je suis d’accord avec Valérie Pécresse, notre Métropole, notre Région, n’a de sens et d’équilibre que si elle est multipolaire, j’en suis convaincu », a ajouté Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris, estimant que l’intérêt de la Ville de Paris était de s’intégrer dans une métropole multipolaire, eu égard notamment au poids que représente la capitale et la Région dans l’économie française.

Stéphane Beaudet a ensuite indiqué être lui aussi attaché au polycentrisme, en tant « qu’enfant » de l’ex-ville nouvelle d’Evry. « Le polycentrisme est d’autant plus essentiel dans une Région comme la nôtre, un territoire urbain, périurbain, et extrêmement rural. Sur les 1200 communes de l’Île-de-France, 800 abritent moins de 2000 habitants. Il nous faut donc travailler à un polycentrisme complet, comprenant l’emploi, une offre de formation et de recherche, du développement économique de manière générale, des loisirs… », a-t-il précisé. Ce polycentrisme doit également prendre en compte les campagnes et les difficultés propres aux maires des petites communes, qui peuvent parfois avoir le sentiment d’être délaissés, selon Stéphane Beaudet. « Cela permet d’éviter de donner ce sentiment d’abandon que nous observons ensuite dans les urnes. Il ne faut pas oublier ces territoires dans notre planification de l’aménagement, qui sont essentiels pour ce qui concerne les questions agricoles, le bio, les circuits-courts, la nature et cette fameuse transhumance », a-t-il souligné.

Des écueils à éviter

Mais au-delà de ces constats partagés, la question des financements pourrait représenter un frein dans la mise en place de ces politiques, Stéphane Beaudet et Emmanuel Grégoire craignant des « coupes franches » dans les subsides dévolus aux collectivités territoriales. Christophe Béchu, ministre délégué aux Collectivités, devenu depuis ministre de la Transition écologique en remplacement d’Amélie de Montchalin, en est pourtant certain, « aujourd’hui, sans loi, sans texte, sans budget, des milliers de communes de ce pays ont mis en œuvre des solutions très simples, des solutions de bon sens, comme par exemple en matière d’écologie de proximité ».

« Nous avons besoin de visibilité, de stabilité, pour engager justement cette transition écologique. Même si nous sommes capables d’échanger nos bonnes pratiques, de lancer un guide et un recueil, ces politiques nécessitent du temps pour être mises en œuvre. Et ce temps-là nécessite pour nous de la visibilité », a toutefois insisté Stéphane Beaudet. Aussi, Christophe Béchu a indiqué qu’une feuille de route allait être établie en lien avec les élus pour les cinq ans à venir, dans le cadre de la loi de programmation des Finances publiques et sa déclinaison pour les collectivités territoriales.

« Je suis intimement convaincu que les sujets évoqués ici sont de toute façon transversaux et profondément consensuels. Ces mouvements qui nous concernent dépassent nos frontières administratives et dépassent également la question de savoir qui a quelles compétences, pour faire quoi, à quel moment. S’il y a une volonté commune pour avancer ensemble, cela peut fonctionner », a finalement assuré Christophe Béchu, estimant que le contexte politique actuel pouvait jouer en ce sens.

« Nous devons construire ce chemin ensemble, trouver une méthodologie autour de quelques grands enjeux avant de se mettre d’accord sur le fonds, notamment sur les questions de financement », a également indiqué Emmanuel Grégoire.

Et Stéphane Beaudet de conclure : « la société change. Elle a cette particularité, dans la période que l’on vit, de changer de plus en plus vite et donc de nous pousser à nous montrer de plus en plus agile. Cela requiert une capacité à se parler, à s’entendre, à se comprendre, à travailler les uns avec les autres ».

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