28 mars 2022
Six d’associations d’élus locaux interpellent ce lundi les candidats à l’Elysée sur la politique à destination des quartiers défavorisés, un thème passé sous les radars pour l’instant dans les débats.

C’est l’un des angles morts de cette campagne présidentielle. Jusqu’ici, la politique de la ville – qui est tournée vers les quartiers les plus défavorisés – n’est jamais arrivée sur le devant de la scène. A moins de deux semaines du premier tour, six associations d’élus, dont Villes & Banlieue, l’Association des maires de France et France urbaine, tentent de corriger cet oubli en interpellant ensemble les candidats ce lundi. Hasard du calendrier, le grand favori des sondages, Emmanuel Macron, commence sa semaine par un déplacement à Dijon dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV).
« Grâce à la mobilisation des maires, des progrès significatifs ont été accomplis et obtenus ces dernières années […] Mais il s’agit désormais d’aller plus loin et de faire plus et mieux », écrivent les élus locaux dans une contribution commune listant leurs nombreuses propositions qu’ont pu consulter « Les Echos ».
Approche interministérielle
« C’est d’abord un appel à travailler ensemble », explique Michel Bisson, vice-président de France urbaine et président de l’agglomération Grand Paris Sud. « La politique de la ville reste une politique pansement, qui ne traite pas les problèmes à la racine », regrette-t-il.
Pour les associations d’élus, « une approche interministérielle et transversale des problématiques dans les quartiers populaires doit prévaloir ». Ce qui doit, selon elle, passer par un rattachement de la politique de la ville au Premier ministre.
La question financière figure évidemment en bonne place dans ce texte également signé par Villes de France, l’Association des petites villes de France et l’Association des maires d’Ile-de-France. Les élus insistent sur « la nécessité de disposer de moyens de droit commun pérennes et territorialisés sans concurrence des collectivités ».
Il faut aussi, selon eux, « garantir une répartition équitable des crédits spécifiques selon l’intensité des problèmes observés sur les territoires et dans les quartiers populaires et soutenir les expérimentations, les différenciations et innovations locales ».
Sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, les élus de banlieue avaient tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, à commencer par leur « appel de Grigny » en octobre 2017. Jusqu’à ce qu’un comité interministériel à la Ville en janvier 2021 débloque 3,3 milliards d’euros de financements pour les QPV, dont une enveloppe de 2 milliards d’euros supplémentaires pour le nouveau programme national de rénovation urbaine .
Généraliser les cités éducatives
« L’engagement de flécher 1 % des crédits du plan de relance [d’un montant total de 100 milliards d’euros, NDLR] a été atteint et même largement dépassé puisque 2,4 milliards d’euros ont été engagés au bénéfice des populations de ces territoires », s’était félicité le gouvernement un an plus tard à l’occasion d’un nouveau comité interministériel.
Parmi les mesures « qui marchent », les associations d’élus proposent notamment de pérenniser le dédoublement des classes en réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP +) ou de généraliser le dispositif des cités éducatives à tous les QPV. Il serait aussi pertinent, selon elles, d’« affecter les professeurs les plus aguerris et formés auprès des jeunes des quartiers populaires ».
Contrats aidants
En matière d’emploi, elles recommandent en particulier de « systématiser les clauses d’insertion au profit des habitants des QPV dans tous les programmes nationaux ayant bénéficié du plan de relance ». Les associations d’élus mettent aussi sur la table l’idée de « contrats aidants pour les territoires les plus fragiles comme vecteur d’insertion et de cohésion sociale ».
Concernant la sécurité , l’une de leurs préconisations est d’élargir le dispositif de reconquête républicaine pour « assurer une présence policière suffisante et régulière ». Dans le domaine de la santé, elles jugent nécessaire de soutenir une offre de soins et de prévention « adaptée aux QPV (santé bucco-dentaire, alimentation, obésité) » et d’y renforcer la présence de spécialistes.
Retrouvez l’article sur : https://www.lesechos.fr/elections/presidentielle/presidentielle-les-elus-locaux-tentent-dimposer-la-politique-de-la-ville-dans-la-campagne-1396528