Budget des communes : «En cas de crise, ce sont toujours les collectivités locales qui payent la facture», juge Stéphane Beaudet

6 avril 2022

Baisse de certaines recettes, investissements à revoir, le maire (SE) d’Évry-Courcouronnes (Essonne) revient pour Le Parisien sur les nombreuses conséquences économiques de la crise sanitaire sur les budgets des villes d’Île-de-France.

Déjà vingt et un ans qu’il est maire et deux fois qu’il est élu président de l’Amif, l’association des maires d’Île-de-France. Stéphane Beaudet, maire sans étiquette d’Évry-Courcouronnes, analyse pour Le Parisien les conséquences financières de deux ans de crise sanitaire.

Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire sur les budgets communaux ?

STÉPHANE BEAUDET. L’impact principal est celui sur l’autofinancement, c’est-à-dire la capacité des communes à investir. Or ce n’est pas un petit sujet quand on connaît la part très importante de l’action des communes dans l’économie française. L’autre conséquence, ce sont les saturations d’agendas de travaux, qui décalent les ouvertures d’équipements ou qui incitent les entrepreneurs à augmenter les tarifs.

La crise, c’est aussi la raréfaction des matières premières qui entraîne une flambée des prix. Le tarif du bois a quasiment doublé sur les chantiers, nous avons du mal à recevoir certains composants électroniques, nécessaires notamment dans les réfections ou constructions d’école. Et, évidemment, la crise sanitaire a énormément baissé nos recettes liées au tourisme, aux revenus des immeubles, aux droits de mutation…

Le total à l’échelle nationale de la perte pour les communes s’élève à 2,1 milliards rien que pour 2020. Les villes-centres, qui accueillaient du monde des villes alentour dans leurs centres de vaccination notamment, sont particulièrement impactées.

L’État a-t-il suffisamment remboursé les dépenses liées aux centres de dépistage et de vaccination ?

Les prises en charge n’ont pas eu lieu tout de suite, notamment quand il a fallu acheter des masques ou ouvrir des centres de dépistage. Puis, pour les centres de vaccination, la prise en charge n’a pas été totale. Nous continuons à nous battre pour le financement du personnel de nos administrations qui les a fait tourner. Cette non-prise en charge est une honte absolue.

Mais, depuis le temps que je suis maire, j’en ai vu passer des gouvernements, et en cas de crise ce sont toujours les collectivités locales qui payent la facture en voyant leurs dotations baisser. Nous n’en sommes qu’au début de l’impact.

Quels choix les communes font-elles pour compenser ces dépenses et manques à gagner ?

Au-delà des villes qui font le pari risqué de l’immobilisme, qui n’investissent plus, une partie des communes ont fait le choix d’augmenter la taxe foncière, puisqu’il n’y a plus ni taxe professionnelle ni taxe d’habitation. Je l’ai d’ailleurs fait à Évry-Courcouronnes dès l’année dernière, et les villes sont plus nombreuses encore à le faire cette année.

Certaines, comme celles qui financent le village des athlètes à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) ou encore Roissy-en-France (Val-d’Oise) qui a un problème d’assainissement à financer, font ce choix cette année. D’autres préfèrent augmenter certains tarifs, comme ceux du scolaire ou périscolaire, c’est le cas à Triel-sur-Seine (Yvelines)Tout ça n’a rien de lubies, les villes n’ont plus le choix, sinon, tout s’arrête.

Retrouvez l’article sur : https://www.leparisien.fr/essonne-91/budget-des-communes-en-cas-de-crise-ce-sont-toujours-les-collectivites-locales-qui-payent-la-facture-juge-stephane-beaudet-06-04-2022-O3GKATPSGZAL3E6VTSQ7JYRP5I.php?ts=1649235188067