29 mars 2022
Les élus des quartiers prioritaires de la politique de la ville veulent plus de stabilité et de visibilité. Six associations représentatives du bloc local l’ont dit d’une seule voix, dans une contribution commune à l’attention des candidats à l’élection présidentielle. A travers ce document de 12 pages présenté le 28 mars, elles entendent poser les fondations d’un « pacte de confiance entre l’Etat et nos collectivités ».
Stop aux appels à projets et à manifestation d’intérêt ! Co-président de la commission Politique de la ville de France Urbaine, Michel Bisson a ouvert sur ce thème la présentation du plaidoyer signé par cinq autres associations d’élus, le 28 mars : les maires de France (AMF), d’Ile-de-France (Amif), des petites villes de France (APVF), Villes de France et Ville & banlieue.
Amertume persistante
« Nous sommes arrivés à un stade ou à côté des services Marchés publics, il faut créer un service Appel à projets, tant c’est partout et tout le temps », tempête Philippe Rio, maire communiste de Grigny (Essonne) désigné en 2021 « meilleur maire du monde ».
Acceptable lorsqu’il s’agit de défricher un thème nouveau comme l’agriculture urbaine, cette pratique, lorsqu’elle se systématise, « empêche de construire une politique de droit commun qui parte des demandes des territoires », estime Michel Bisson, maire socialiste de Lieusaint (Seine-et-Marne).
Malgré les 2 milliards d’euros arrachés de haute lutte au conseil interministériel à la ville réuni en février 2021 à Grigny, l’amertume domine, dans les commentaires des élus des quartiers prioritaires (QPV) sur le bilan du quinquennat : « Les crédits ne viennent que quand les maires rouspètent ou que les gouvernements le décident. Nous avons besoin de moyens au fil du temps », martèle Catherine Arenou, maire divers droite de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). « Nous voulons un quinquennat stable », ajoute Philippe Rio.
Consolider la mixité
L’atteinte de cet objectif suppose la réduction des incertitudes qui planent encore sur les contrats de mixité sociale revisités par la loi 3DS, mais toujours en attente de décrets d’application : « A Grand Paris Sud que je préside, nous sommes déterminés à nous approcher des 25 % de logements sociaux, à la faveur des 2900 démolitions programmées. Pour encourager les communes prêtes à s’engager, nous demandons l’exemption des pénalités, pour quelques années », plaide Michel Bisson.
Au chapitre logement de leur harangue, les signataires de la contribution à la campagne présidentielle n’oublient pas la rénovation thermique : vice-président de l’APVF, Romain Colas défend une réorientation de Ma Prime Rénov en direction des propriétaires occupants et des copropriétés dégradées. « Faute de plan pluriannuel dans ce domaine, la paupérisation guette de nombreux logements », souligne le maire socialiste de Boussy Saint-Antoine (Essonne).
Rigidité administrative
La lourdeur administrative persistante de l’instruction des dossiers par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) contribue à alimenter les frustrations des élus : « Avec des moyens réduits, j’espère enfin lancer cette année le programme du quartier des Pagnettes, sur lequel nous avons lancé les études en 2011 », soupire Patrice Leclerc, maire communiste de Gennevillers (Hauts-de-Seine).
La demande d’assouplissement se conjugue avec celle de diversification des interventions sur les équipements publics : « Un lieu pour apprendre à nager ou à lire se construit plus vite qu’une nouvelle école. Nous avons besoin de donner à voir », insiste Michel Bisson.
Encourager la participation
Derrière le pacte de confiance entre Etat et collectivités, les élus cherchent surtout à regagner l’adhésion des citoyens : « Encourageons la participation, mais sans imposer un modèle unique », enjoint Frédéric Leturque, maire UDI d’Arras (Pas-de-Calais). « Cet enjeu se révèle crucial, lorsque survient une opération de démolition reconstruction, c’est-à-dire un moment violent que ne connaissent pas la plupart des villes centres », remarque Hélène Geoffroy. La maire socialiste de Creil (Oise) cadre l’objectif : « Amener les citoyens jusqu’au vote ».
Fiers de représenter des territoires caractérisés par leur jeunesse, les maires des QPV veulent profiter d’un calendrier porteur : « A partir de 2023, les prochains contrats de ville s’appliqueront dans la durée du mandat présidentiel », rappelle Catherine Arenou. Raison de plus pour une remise à plat et un aiguillage vers les bons rails.
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