Avec moins d’argent, les Maires vont devoir choisir

L’Express

Ce samedi, les maires sont appelés à manifester contre la baisse des dotations de l’Etat. L’Express a interrogé quatre édiles de droite et de gauche, de grandes et de petites villes pour savoir ce que cette diminution change concrètement pour eux.

Conseils municipaux extraordinaires en plein air, rassemblements citoyens, banderoles sur les bâtiments publics, tractages, pétition… Samedi, les maires se mobilisent au cours d’une journée nationale d’actions contre la baisse des dotations de l’Etat. Cette perte d’argent public pour les collectivités représente sur quatre ans un manque à gagner de 28 milliards d’euros, dont 15,8 milliards pour les communes.

Au-delà des chiffres, que signifie pour les citoyens une telle chute des sommes versées? L’Express a posé la question à quatre maires, de droite et de gauche, de grandes et de petites villes, en région parisienne et en régions.

Gilles Leproust, maire PCF d’Allonnes (Sarthe), 12 000 habitants

« Entre 2012 et 2017, le manque à gagner est d’un million d’euros sur un budget annuel de fonctionnement de 16 millions. Pour 2015, cela représente une baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF, principale enveloppe versée par l’Etat, ndla) de près de 200 000 euros. »

« La médiathèque et la ludothèque sont gratuites. L’été, l’entrée à la piscine est fixée à un euro. Dans les cantines, nous promouvons les circuits courts et les produits biologiques. Combien de temps allons-nous pouvoir continuer ainsi? Si la baisse se poursuit, il va falloir faire des choix. Nous souhaitions étendre le portage à domicile de repas à 100 personnes au lieu de 50. Nous avons renoncé. Trop cher. »

« Augmenter les impôts? Cette hausse devrait se faire dans de grandes proportions. Remonter d’un point le taux des impôts locaux rapporte à la commune 47 000 euros de plus. »

André Laignel, 1er vice-président de l’AMF, maire PS d’Issoudun (Indre), 12 000 habitants

« En 2016, nous estimons à 1,2 million d’euros la baisse de la DGF pour la commune et l’agglomération. Pour rester à l’équilibre, je devrais baisser mon budget de fonctionnement de 2,4% et celui d’investissement de 12%. »

« Je souhaiterais agrandir la maison de l’enfance, rénover la patinoire qui n’est plus aux normes et créer un troisième village d’entreprises. Je devrai certainement choisir un seul de ces trois projets. Si j’attends trop longtemps pour la patinoire, elle risque de fermer. Quant au village d’entreprises, cela va à l’encontre du développement du tissu économique local alors que le bassin d’Issoudun est celui qui crée le plus d’emplois en région Centre, selon l’Urssaf. »

Stéphane Beaudet, président de l’association des maires d’Ile-de-France, maire de Courcouronnes (Essonne), 13 600 habitants

« En 2010, je percevais 3,4 millions d’euros de DGF. En 2017, je toucherai 1,2 million. Il ne faut pas oublier que les baisses de dotations sont exponentielles. Les régions font des économies, qui se répercutent sur les départements et au final sur les communes. Cette année, les demandes de subventions supplémentaires des associations de ma ville ont augmenté de 85% parce que les autres collectivités leur ont moins versé que les années précédentes. En 2015, j’estime le montant total de la perte à un million d’euros. »

« L’Etat nous demande de faire des économies immédiatement. C’est impossible. J’ai diminué de 20% la masse salariale. Cela m’a pris cinq ans, période pendant laquelle je n’ai remplacé aucun départ. Je pourrais supprimer la police municipale ou fermer les crèches et les cantines scolaires. Rien de cela ne constitue une compétence obligatoire pour les communes. Un repas à la cantine coûte 12 euros par enfant. Les habitants le paient entre un et quatre euros. Je pourrais très bien dire aux parents: ‘Vos enfants n’ont qu’à venir à l’école avec un sandwich.’ Je ne le ferai pas. »

« A la fin de l’année, j’enverrai un questionnaire à tous les habitants de Courcouronnes pour que l’on réfléchisse ensemble aux meilleurs moyens d’adapter les services publics. Par exemple, une mairie doit-elle rester ouverte toute la journée, cinq jours par semaine? »

Laurent Hénart, maire UDI de Nancy (Meurthe-et-Moselle), 105 000 habitants

« La baisse de la DGF, c’est au moins dix millions d’euros sur un budget annuel de fonctionnement de 120 millions. Cela représente 25 points d’impôts. J’ai pourtant décidé de maintenir les investissements. Sur la période 2014-2020, la Ville investira d’ailleurs plus que lors du mandat précédent. Comment ai-je fait? En réalisant des économies, en fermant quatre mairies de quartier, un foyer de personnes âgées, trois écoles… J’ai également demandé aux usagers de participer plus aux frais pour les piscines ou les cantines. »

« Si la baisse se poursuit au-delà de 2017, je ne pourrai pas aller plus loin dans les économies. Des changements supportables pour les habitants, nous en avons fait beaucoup. Nous ne pouvons pas être en réaménagement constant. Cela fragiliserait considérablement la vie des Nancéiens. »

 

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