Interview de Karine Kauffmann, Maire de Médan –  » Je constate une recrudescence des incivilités depuis le début de la crise sanitaire « 

Interview de Karine Kauffmann, Maire de Médan –  » Je constate une recrudescence des incivilités depuis le début de la crise sanitaire « 

Karine Kauffmann est Maire de Médan (78) depuis 2011. Une commune de 1 450 habitants dotée d’une police municipale armée qu’elle partage avec la commune voisine de Villennes-sur-Seine. Médan est aussi équipée de caméras de vidéo-protection.

Quel type de problèmes de sécurité rencontrez-vous dans votre commune ?

Principalement des incivilités. Ce sont des petites choses, des tags ou des dégradations de biens publics. Récemment, on nous a cassé des boitiers de fibre et on nous arraché les lettres MAIRIE qui étaient fixées sur le mur du parc de la mairie. Nous avons porté plainte.

Avez-vous une police municipale ?

Oui, nous avons six agents en partage avec la commune de Villennes. Et depuis quelques années, ils sont armés. Si nous avons fait ce choix, ce n’est pas par rapport aux incivilités mais pour leur propre protection. C’est une décision qui a été prise à la suite des événements dans les communes voisines, où dès que l’on porte un uniforme, on est une cible.

Avez-vous subi ou vos élus des agressions physiques ou verbales ?

Non. Nous n’avons pas vécu ce genre de choses et je m’en réjouis. Pourtant, en termes d’urbanisme, nous sommes relativement sévères. Il n’y a pas de passe-droits. Cela étant, nous sommes une petite commune et nous connaissons tout le monde. De plus, nous avons installé la vidéo-protection (6 caméras) ce qui aide beaucoup.

Cela représente un gros budget pour une commune de votre taille ?

Oui mais cela a été un choix qui représente un budget de 60 000 €. Pour une caméra, il faut compter environ 10 000 €, ne serait-ce que pour le branchement du boîtier EDF. Elle a permis de résoudre de nombreuses affaires qui n’avaient pas forcément eu lieu sur notre commune.

Rencontrez-vous d’autres types d’incivilités ?

Notre autre gros souci, ce sont les dépôts sauvages. C’est une véritable plaie au point que nous travaillons à un regroupement de communes à l’initiative du maire de Vernouillet afin de créer une brigade verte. Elle patrouillera sur tous les espaces naturels et agricoles pour faire de la prévention et de la répression. Cette lutte permanente nous coûte extrêmement cher et c’est extrêmement frustrant.

Avez-vous constaté une augmentation des incivilités depuis que vous avez été élue en 2011 ?

La recrudescence, je la constate réellement depuis le début de la crise sanitaire notamment pendant les périodes de confinement ou de couvre-feu. J’ai le sentiment que les jeunes s’ennuient terriblement et ne savent plus quoi faire. Dans le passé, je leur ai fait nettoyer les dégâts mais aujourd’hui, je suis passée à un cran au-dessus, je dépose plainte. Parce que quand des jeunes de 17 ans sont dehors en pleine nuit et en plein confinement, ma première question est « comment se fait-il que les parents ne sachent pas où sont leurs enfants ? » Alors nous sommes passés au stade du rappel à l’ordre aux parents par le commissariat.

C’est plutôt radical comme méthode ?

C’est assez récent comme mesure alors on verra à l’usage si cela l’est vraiment.
Malheureusement, je constate que les parents des enfants qui ont ce type de comportement sont souvent ceux qui ne sont pas non plus très soucieux des autres ni des règles de vie en société.

Pensez-vous que les maires sont suffisamment informés sur leurs possibilités de recours en cas de problème ?

Je ne me fais pas beaucoup d’illusion quand je vois à quel rythme – en raison d’un manque de temps et de moyens – la justice arrive à traiter les affaires et à quel point il est compliqué de faire appliquer les lois d’urbanisme. C’est très frustrant parce que les infractions perdurent et certains en profitent.

Est-ce que vous ou vos élus ont un sentiment d’insécurité dans l’exercice de leur mandat ?

Sur ce mandat, il est trop tôt pour le dire mais sur le mandant précédent, mon adjoint à l’urbanisme avait été interpellé plusieurs fois et de manière assez virulente par des administrés, alors je répondrai oui. Notamment à l’urbanisme, nous sommes souvent une cible.

La ville est-elle présente sur les réseaux sociaux ? Souffrez vous de la libération de la parole de certains utilisateurs ?

La ville a un compte Facebook et un compte Instagram. Effectivement, sur le compte Facebook, nous avons dû recadrer quelques personnes pour leur expliquer que le Facebook de la mairie était là pour informer, pas pour entamer des débats polémiques. Mais l’avantage d’être une petite commune, c’est que tout le monde sait qui est qui et qu’il est très difficile de rester anonyme, même sur les réseaux sociaux !

Télécharger l’interview de Karine Kauffmann, Maire de Médan