Stéphane Beaudet : « Les maires perçoivent plutôt le numérique comme une opportunité »

RSLN Mag

L’Association des Maires d’Île-de-France (AMIF), qui représente 1 100 communes et autant de maires de la région, s’est posée la question. Son président, Stéphane Beaudet, Maire de Courcouronnes (91), a livré à RSLN les grandes tendances de cette enquête.

Quel rapport les maires entretiennent-ils avec le numérique ?

Stéphane Beaudet : Nous avons mené une enquête sur le sujet. Aujourd’hui, tous les maires et toutes les communes sont concernés par le numérique.

Plusieurs facteurs expliquent cet intérêt marqué :

Les besoins économiques, de la réduction des budgets à la dématérialisation des marchés publics ;
La question du service public (téléchargement de formulaires administratifs, prise de rendez-vous en ligne…) ;
La communication et l’information des habitants. 22% des communes de l’Amif n’ont plus de journal municipal imprimé et n’utilisent plus qu’Internet comme canal de communication, ce qui rejoint en partie notre premier facteur sur les besoins économiques : cela permet de faire attention aux coûts.
Pour autant, on remarque que le niveau d’intérêt n’est pas le même pour chacune des communes : toutes n’ont pas de « stratégie numérique » à proprement parler.

De manière générale, la transformation numérique est-elle plutôt perçue comme une opportunité ou une menace ?

Stéphane Beaudet : Vous savez, avec la forte baisse des dotations de l’Etat, la perte de pouvoir politique des mairies dans les grandes agglomérations… Les maires se réinterrogent sur leurs modèles, en particulier économiques. Ajoutez à cela une demande très forte des habitants. Le numérique est donc beaucoup plus perçu comme une opportunité que comme une menace, c’est certain.

Prenons des exemples concrets : une commune d’Île-de-France sur deux est équipée de wifi. Et deux tiers des maires considèrent que la fibre est suffisamment déployée sur le territoire. C’est un sujet fondamental pour les habitants et pour l’économie locale en termes d’attractivité.

Le numérique est donc perçu comme opportunité, alors que dans le même temps, près de la moitié des maires interrogés dans votre étude estiment avoir un niveau de connaissances moyen à très faible sur les opportunités offertes par le numérique au service des villes… N’est-ce pas là un paradoxe ?

Stéphane Beaudet : Je ne pense pas que ce soit un paradoxe. Je compare souvent la révolution numérique avec la révolution écologique : c’est un sujet qui pénètre tellement de couches et de surcouches que personne ne l’entend de la même façon. Et pourtant, tout le monde s’en empare, à des degrés divers, même si nous n’avons pas tous la même appétence pour le sujet.

Vous participiez récemment à une table ronde sur la place de la publicité dans les villes connectées, à l’initiative de l’IAB. Que retenez-vous de ces échanges ?

Stéphane Beaudet : Pour les maires, la publicité est un mot qui fait peur. Ma génération a lutté contre les pollutions visuelles. Les entreprises, qui étaient d’ailleurs présentes à cette table ronde, nous contournaient via les habitants, en affichant directement chez eux par exemple. Puis cela a évolué vers des panneaux digitaux.

Pour un maire, la publicité est compliquée à gérer. Mais les revenus qu’elle apporte sont les bienvenus.

Regardons un peu dans l’avenir : le citoyen va se rendre compte que, d’ici 2017, 60% de notre dotation d’Etat n’existera plus. Ce n’est plus des économies mais des pans entiers de services publics que l’on risque de rayer. Il faut donc trouver de nouvelles ressources. Et cela passe par des partenariats publics / privés, et la publicité en fait partie.

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