Salon des Maires d’Ile-de-France : la métropole sonne-t-elle le glas de la centralisation ?

Affiches parisiennes

En marge des exposants, un débat entre les différents représentants des candidats à la Présidentielle s’est tenu au salon des Maires d’Île-de-France. Faisant face aux édiles, les intervenants ont eu deux heures pour répondre à leurs interrogations, encore nombreuses à un mois de l’élection.

Au-delà du simple clivage politique, deux tendances se sont distinguées autour de la notion de métropole. D’une part, les représentants de la France insoumise et du Front national ont vivement critiqué l’organisation actuelle de la grande métropole parisienne, le premier y voyant « le Grand Paris des inégalités », et le second « une dérive technocratique, résultant d’un capitalisme de connivence ». Tout au long des échanges, les deux orateurs se sont opposés au phénomène de métropolisation administrative, appelant à « tout remettre à plat », selon la formule de François Cocq (Jean-Luc Mélenchon).

Afin d’éviter un « étouffement des communes » par la métropole, le maire-adjoint de Champigny-sur-Marne appelle à l’élaboration d’une loi organique de justice territoriale, issue de la nouvelle constitution promise par Jean-Luc Mélenchon. À l’opposé de l’échiquier politique, Wallerand de Saint-Just (Marine Le Pen) prône, lui, un retour en force de l’État dans l’ingérence des collectivités par l’abrogation des lois de décentralisation : « il faut mettre fin au mille-feuille administratif afin d’assurer une continuité territoriale du service public, garantie par l’État ».

Dans la même veine interventionniste, Jean-Pierre Enjalbert (Nicolas Dupont-Aignan) veut mettre un terme au « nœud coulant des normes » par l’instauration d’un « État stratège, caractérisé par l’incitation et non la coercition ».

État interventionniste ou autonomie territoriale ?

À l’inverse, les représentants de Benoît Hamon, Emmanuel Macron et François Fillon, ont appelé à la continuité du Grand Paris. Bien que chacun ait développé ses propres solutions, tous partagent néanmoins le constat commun du « fait métropolitain ». Sur la métropole parisienne, Stéphane Troussel (Benoît Hamon) s’est voulu clair : « le Grand Paris s’est déjà inscrit dans la vie de nos concitoyens ». Conscient de l’important travail législatif déjà entrepris, au travers des lois NOTRe et Maptam, le représentant socialiste prescrit une « pause dans les réformes institutionnelles », afin d’intégrer progressivement le nouveau cadre métropolitain dans le paysage administratif.

Le soutien d’Emmanuel Macron, Jean-Jacques Bridey, s’inscrit dans cette même tendance métropolitaine, considérant le cadre du Grand Paris comme un « pôle de développement » et un « réducteur des inégalités territoriales », en particulier en matière de transport. Selon lui, le travail doit maintenant s’orienter vers une meilleure intégration (accès aux services publics et à la formation) des espaces périphériques, en particulier ruraux, aux nouveaux ensembles métropolitains. Hugues Portelli (François Fillon) s’est, quant à lui, illustré par une critique ferme des « lobbys locaux qui ont pourri le travail législatif ». De manière surprenante, le sénateur-maire a concentré ses attaques sur les représentants locaux peu enclins à jouer le jeu du législateur, appelant par exemple à « sanctionner plus sévèrement ceux qui refusent de construire des logements sociaux ».

Après deux heures de débats, la question de la métropole esquisse un nouveau clivage politique, entre les défenseurs de l’État interventionniste et les promoteurs de l’autonomie territoriale. Au-delà des étiquettes partisanes, le choix des électeurs devra se porter sur leur volonté ou leur refus de voir le modèle centralisé se perpétuer, tout en étant conscient qu’il n’y aura « pas de grand soir sur la question territoriale », selon la formule de Stéphane Troussel.

Retrouvez l’article sur : http://www.affiches-parisiennes.com/salon-des-maires-d-ile-de-france-2017-la-metropole-sonne-t-elle-le-glas-de-la-centralisation-7109.html