Et si les Maires gouvernaient le monde ?

« Et si les Maires gouvernaient le monde ? » c’est la question que s’est posée l’AMIF en accueillant Benjamin R. Barber, politologue américain, le temps d’une conférence-débat présidée par Stéphane Beaudet, Président de l’AMIF et Maire de Courcouronnes, animée par Jean-Marc Joannès, rédacteur en chef de la Gazette des commune et avec l’intervention de Patrick Le Lidec, politologue, chercheur au CNRS et Directeur de l’Executive Master Gouvernance Métropolitaine de Sciences Po Paris.

Selon Benjamin Barber, les Etats-Nations sont désormais une forme d’organisation étatique discutée. Ils ont de plus en plus de difficultés à faire face aux problèmes sociétaux. Les grandes Organisations Internationales, dans lesquelles ils sont réunis pour décider de l’avenir du monde, sont en panne et n’assurent plus leur rôle de gendarme du monde : l’enlisement militaire en Irak, en Lybie, l’absence de réponse au problème israélo-palestinien, la montée des extrémismes en Europe, l’accroissement des trafics humains, de produits illicites et des armes, l’absence de réponse à la crise ukrainienne, etc. Cette impasse politique engendre un sentiment d’abandon des populations face aux problèmes quotidiens auxquelles elles sont confrontées comme l’emploi, le bien-être ou encore la santé.

Alors si les Etats-Nations sont désemparés face à ces nouveaux défis, les villes, quant à elles, sont porteuses de solutions. « Organisées en réseaux, elles se définissent avant tout par la collaboration et le pragmatisme, par la créativité et par le pluralisme culturel » affirme Benjamin R. Barber. Dans son dernier ouvrage Et si les Maires gouvernaient le monde ?, le politologue américain défend le modèle des villes, le « nouveau centre névralgique de la gouvernance », qui apporte une réponse à la crise de la démocratie représentative et à la paralysie des institutions internationales. Sa démonstration s’appuie sur de nombreux exemples : de New-York à Séoul en passant par Londres, Stuttgart, Palerme, Lagos, Dehli et Bogota, c’est au niveau local que se résolvent des problèmes clés comme la criminalité organisée, l’insécurité, l’éducation, les inégalités ou la participation des citoyens.
Ensembles, les villes seront plus efficaces. Prônant un Parlement des Maires, Benjamin R. Barber décrit cette nouvelle institution comme la « première institution glocale au monde, donnant des réponses locales à des problèmes globaux », adaptée au monde actuel. Les villes sont plus pragmatiques et multiculturelles, ce qui fait leur force par rapport aux Etats monoculturels. Constituant un réseau, elles peuvent travailler et échanger pour résoudre leurs difficultés quotidiennes.
Alors si la vision de Benjamin R. Barber apparaît comme prometteuse, il ne faut pas pour autant oublier que les villes peuvent également être guidées des intérêts propres souligne Patrick Le Lidec. Il estime que : « certains acteurs centraux pourraient décider de ne pas entrer dans le Parlement des Maires, pour ne pas être liés par les décisions prises par des instances avec lesquelles elles ne seraient pas d’accord. ».

Stéphane Beaudet a rappelé qu’il était important de construire des ponts entre les élus locaux, mais aussi avec l’ensemble des acteurs publics. Il a, par ailleurs, regretté le manque de soutien apporté aux Maires dans certaines de leurs actions. Ainsi, « quand les Maires dénoncent des faits ou des actes de radicalisation au préfet, ils ne sont pas repris et nous n’avons aucune nouvelle. Il y a un réel problème de la remontée d’information concernant la sécurité. ».

Et si les Maires gouvernaient le monde ?