
À Moigny-sur-École, le premier cabinet de télémédecine de France a ouvert ses portes
Pascal Simonnot : L’innovation face aux déserts médicaux
Face à la désertification médicale, les élus trouvent des solutions innovantes pour leurs habitants. À Moigny-sur-École, petite commune de 1 300 habitants du Sud Essonne, Pascal Simonnot, Maire et Président de la Communauté de Communes des 2 Vallées, a bataillé plus de deux ans pour pouvoir ouvrir le premier cabinet de télémédecine public. Il a été soutenu par le Docteur Philippe Paranque, fondateur de SOS Médecins Essonne.
Le Maire a sonné aux portes des ministères où l’accueil s’est révélé favorable malgré la méconnaissance du sujet. ” Si on parle beaucoup de télémédecine, bien peu de personnes savent réellement comme cela fonctionne (…). Nous avons présenté notre projet à Marisol Touraine qui a répondu favorableement. Sauf que la télémédecine, qui doit cependant rester encadrée, n’est pas encore ” grand public ” “.
Après l’arrivée d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République, les mêmes encouragements sont venus du ministère qui considère que la télémédecine ” c’est l’avenir “. D’autant que si le numerus clauses dans l’admission aux études de santé est levé, il faudra 20 ans avant de retrouver une couverture correcte du territoire.
” Nous n’avons plus de médecin dans le village le dernier est décédé l’année dernière. “
Le projet sera lancé grâce à SOS Médecins et au soutien du Docteur Paranque, qui possède une expérience de la téléconférence avec des médecins. Le travail a pu s’engager avec l’ARS (Agence Régional de Santé), le Ministère de la Santé et la CNAS (Caisse Nationale d’Assurance Maladie).
Il a fallu deux ans pour finaliser le dispositif, contourner les difficultés, faire modifier les textes et ordonnances, et enfin obtenir une indemnisation des infirmières parce que ça n’existait pas dans la nomenclature. ” Il n’y avait pas de mode opératoire administratif et juridique permettant de finaliser la prise en charge des actes ” explique Pascal Simonnot, qui se réjouit d’avoir pu obtenir une rémunération de 18 € par patient pour les infirmières.
” Ce n’était pas prévu par la loi. Nous avons obtenu une dérogation grâce à cet équipement qui n’existe nulle part ailleurs. Nous sommes totalement atypiques et nous avons vraiment initié quelque chose de nouveau “. Mais il ajoute que le dispositif a été monté dans le cadre d’une ordonnance sous expérimentation pour 2 ans ” avec un premier bilan que sera fait au bout de six mois. ”
” Nous sommes partis sur le principe que le patient était reçu par une infirmière libérale de secteur, le contact avec le médecin se faisant par télé-consultation, ce dernier étant dans son propre cabinet. ”
Le patient présente sa carte vitale et paye sa consultation 25 € sans coût supplémentaire. Il y a la même prise en charge par la CPAM qui rémunère le médecin et les infirmières.uel est le profill des participants à la concertation ?
Ce cabinet de télémédecine, organisé avec un accueil infirmier, constitué en réseau de 15 infirmières dans un premier temps, sur rendez-vous via un centre de régulation, est le premier du genre en France. ” Nous en sommes encore au stade de l’expérimentation contrairement aux pays nordiques qui sont très en avance. Mais ici à Moigny-sur-École, je pense que nous allons rapidement élargir les plages horaires et tant mieux si cela répond à un besoin, c’est le sens de notre démarche ” se réjouit l’urgentiste.
Pour la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, cette initiative de la commune de Moigny-sur-École constitue une véritable action innovante pour le territoire et sa population. ” Ce projet de télémédecine de proximité apportera une réponse à la désertification médicale. Il favorisera l’optimisation du temps médical, permettra aux médecins de prendre en charge de nouveaux patients en recherche de médecins traitants et facilitera l’accès aux soins pour touts dans le respect du parcours de soins coordonné “.
“ Le Département de l’Essonne a également tout de suite cru au projet et nous a financé le chariot et la valise connectée ce qui permet aux infirmières d’aller au domicile des patients si nécessaire ” car là aussi les médecins ne font quasi plus de visite à domicile, précise Pascal Simonnot. Le Relais Télésanté Sud Essonne sera inauguré le 4 avril.