L’accès à internet en zone rurale –  » Ici, on fait des visio sans image pour ne pas être déconnectés ! « 

L’accès à internet en zone rurale –  » Ici, on fait des visio sans image pour ne pas être déconnectés ! « 

Didier Guével est maire du petit village du Plessis-Gassot (95) et il vient d’entamer son 3e mandat à la tête de sa commune. Situé à 7km de Goussainville et 25 km de Paris, Le Plessis-Gassot compte 80 habitants qui, comme leurs voisins, ont besoin d’internet au quotidien. Malgré un débit d’escargot, le maire a fait de son village un pionnier de la dématérialisation et espère la fibre pour la fin de l’année.

 

Comment répondre aux demandes et aux besoins grandissants d’une population en matière d’internet quand on est maire d’une commune rurale de 80 habitants ?

Internet a changé la vie de tout le monde dans la manière de communiquer, de consommer, de s’approvisionner ou de gérer  sa commune mais internet peut aussi être un vrai problème quand on est comme nous dans un territoire rural. Le Plessis-Gassot a été l’une des premières communes à dématérialiser ses actes administratifs mais le problème que l’on rencontre, c’est le débit. Nous sommes en bout de réseau. Nous dépendons de Goussainville, nous en sommes à 7,3km et nous avons des perturbations phénoménales. Nous avons à peine 1 méga de début ce qui est très insuffisant au regard des besoins de la commune et de nos habitants. Les enfants grandissent et leurs besoins d’internet aussi. Leurs parents sont aussi des gros consommateurs pour des téléchargements, du télétravail… Ils sont souvent interrompus en pleine visioconférence. Des visios que nous devons souvent faire sans image pour avoir le son et pouvoir rester connectés !

Comment gérez-vous la dématérialisation des procédures avec ces problèmes de débit ?

Il nous est arrivé de rester une semaine sans internet dans la commune. C’est plutôt rare mais si l’on a ne serait-ce qu’une heure de coupure, on ne peut plus travailler. Pour la gestion quotidienne en mairie, nous avons une clé 4G qui nous sauve la mise. Avant les élections, c’était bien pire. La situation s’est améliorée mais nous perdons quand même beaucoup de temps notamment quand il faut télécharger des documents avec Wetransfer. J’estime que l’on perd 1h à 1h30 de travail par jour à cause du manque de débit. Envoyer un mail, un dossier, c’est très très compliqué.

Et que vous disent les opérateurs ?

Rien du tout ! Pourtant, nous avons des opérateurs qui ont des antennes situées à 8 ou 900 mètres du village mais ils nous ont dit que notre problème était le débit.

Est-ce que ce manque de connexion internet nuit au développement du village ?

Cela fait un an que je dis aux habitants que la fibre va arriver et maintenant, on sait que c’est une réalité. Pendant le confinement, nous avons eu de la chance, les opérateurs ont été très disponibles. En 24 ou 48h, nous étions dépannés. Sauf moi qui suis resté 3 mois sans internet, heureusement que j’avais la 4G !

Et la fibre ?

Elle arrive ! avec beaucoup de retard mais elle arrive. Tous les câbles ont été tirés dans le village pour être opérationnels mi-décembre. Hélas, l’opérateur m’indique que si la mise en service du PM (point de mutualisation) de Bouqueval sera prochainement effective, malheureusement, mes administrés ne pourront bénéficier des services de la fibre  » qu’à l’issue d’une période de gel commercial de 3 mois imposée par l’ARCEP « . Donc ce ne sera pas pour Noël mais plutôt pour Pâques. Espérons que ce soit pas un poisson d’avril !